Le Kremlin, pour sa part, rejette les accusations de manipulation et insiste sur le fait que ses médias d’État offrent simplement une « alternative impartiale aux médias américains ».
Une porte d'entrée stratégique
La dernière attaque de désinformation de la Russie contre les États-Unis passe de plus en plus par le Mexique, où le Kremlin a trouvé une passerelle stratégique vers le vaste espace médiatique hispanophone qui relie l’Amérique latine à des millions de téléspectateurs latinos aux États-Unis.
Entre Washington et ses alliés
Au cours des deux dernières années, les médias appartenant au Kremlin, tels que Sputnik et RT, ont considérablement intensifié leurs activités dans la région, notamment pour semer la discorde entre Washington et ses alliés, selon des groupes de surveillance, un câble diplomatique américain et un rapport du New York Times.
Tirer la sonnette d'alarme
Le câble diplomatique avertit que « l’investissement agressif de RT au Mexique et sa stratégie visant à renforcer sa crédibilité et à saper les États-Unis constituent une menace pour la perception populaire actuelle », notant que les diplomates américains à Mexico sonnaient déjà l’alarme en 2024 et demandaient « plus de ressources pour contrer les efforts bien financés de RT ».
715 millions d'euros
Selon le même câble, le nombre de vues en ligne de « RT en Español » sur X est passé de moins de 200 000 en 2022 à 715 millions en 2023, un bond spectaculaire qui montre la rapidité avec laquelle la chaîne a étendu sa portée et la place centrale qu’occupe désormais le Mexique dans les efforts déployés par Moscou pour influencer les conversations sur les États-Unis.
Controverses locales
Moscou ne se contente pas d’élargir son public ; elle adapte également une grande partie de ses messages en espagnol aux différends entre le Mexique et Washington, en utilisant les controverses locales pour donner à ses récits un aspect organique plutôt qu’importé.
Une puissance démesurée
RT et Sputnik promeuvent des histoires qui dépeignent les États-Unis comme une puissance démesurée, qu’il s’agisse d’une couverture liant la Drug Enforcement Administration américaine à l’assassinat du président haïtien en 2021 – un article de Sputnik amplifié par le chef de la radiodiffusion publique mexicaine avec le commentaire « une autre intervention de la D.E.A. en Amérique latine », jusqu’aux affirmations de responsables russes selon lesquelles Washington et Kiev collaborent avec les cartels mexicains et colombiens pour lutter contre la Russie.
Les courants anti-américains
Ces thèmes s’inscrivent dans les courants nationalistes et anti-américains existants au Mexique, où certaines personnalités du parti au pouvoir ont diffusé des contenus favorables au Kremlin, ce qui a permis aux messages de la Russie de se fondre dans les débats politiques nationaux.
Une alternative impartiale
Le Kremlin, pour sa part, rejette les accusations de manipulation et insiste sur le fait que ses médias d’État offrent simplement une « alternative impartiale aux médias américains », soulignant qu’ils fournissent gratuitement du matériel à leurs partenaires locaux.
Partenariats
Au Mexique, cette approche a permis à RT et à Sputnik de renforcer leur présence grâce à des partenariats avec des organisations telles que le Club des journalistes, une association professionnelle financée par le Sénat mexicain, ce qui confère aux médias russes une visibilité institutionnelle supplémentaire et rend leur influence sur l’espace d’information du pays encore plus difficile à contrer.