Trump critiqué par ses propres alliés pour avoir gracié un crypto-criminel

La récente grâce accordée par Donald Trump à Changpeng Zhao, fondateur de Binance et gourou des cryptomonnaies, a immédiatement suscité des réactions négatives de la part de l’un des plus éminents partisans du président, Joe Lonsdale, cofondateur de Palantir.

En novembre 2023, Changpeng Zhao a plaidé coupable d’avoir enfreint la loi américaine sur le secret bancaire (Bank Secrecy Act) après avoir omis de surveiller les transactions des utilisateurs de son site, Binance.

Ces manquements ont permis à des centaines de millions de dollars de transiter par le site, finançant ainsi le trafic de drogue, le terrorisme, l’exploitation sexuelle des enfants et la traite des êtres humains.

Les procureurs fédéraux ont déclaré qu’ils n’avaient jamais vu quelqu’un violer les règles dans la mesure où Zhao l’a fait entre 2017 et 2024. Le juge a déclaré avoir été perturbé par la stratégie de Binance consistant à ignorer toute réglementation bancaire américaine susceptible d’endiguer la croissance du site.

Lorsqu’il a été interrogé, le président a donné une multitude de réponses, parmi lesquelles les médias alliés et opposés ont pu choisir celle qui correspondait le mieux à l’histoire qu’ils racontaient.

Trump a affirmé que ce que Zhao avait fait n’était pas un crime, déclarant que « beaucoup de gens disent qu’il n’était pas coupable de quoi que ce soit »

Il a essayé de faire passer l’histoire de la victime pour celle de Zhao,

« Il a passé quatre mois en prison, et ils disent qu’il n’était coupable de rien. »

Il a ensuite semblé s’exonérer de toute responsabilité en la faisant porter sur un conseiller anonyme, déclarant:

« [On] m’a dit […] que ce qu’il a fait n’est même pas un crime ».

Il a poursuivi en déclarant: « Je l’ai gracié à la demande d’un grand nombre de personnes très compétentes », une déclaration à laquelle tous les Américains devraient prêter attention.

En 2024, Donald Trump a déclaré qu’il serait le « premier président crypto », et l’Amérique voit déjà à quoi cela ressemble.

Joe Lonsdale a publié un message sur X peu après que le président a gracié M. Zhao, en déclarant:

« J’aime le président Trump; c’est probablement la plus grande administration de ma vie – à l’exception de ces pardons ».

Il a poursuivi en disant:

« POTUS a été terriblement conseillé sur ce point; cela donne l’impression qu’il y a une fraude massive autour de lui dans ce domaine. »

Une fois de plus, il détourne le blâme du président en l’attribuant à ses conseillers. Il s’assure également de préciser qu’il semble seulement que des activités frauduleuses entourent les entreprises de crypto-monnaie du président.

Actuellement, le président possède environ 3,4 milliards de dollars en cryptomonnaies, liées à sa notoriété ou à l’économie américaine elle-même. Trump est également propriétaire de la place de marché ; tous les jetons y sont vendus et achetés, ce qui ajoute une couche supplémentaire de protection au fonctionnement interne des finances de l’entreprise.

Alors qu’un président qui vend ce qui est essentiellement des actions liées à sa renommée et au dollar américain est manifestement en conflit d’intérêts à bien des égards, la Maison-Blanche maintient que toutes les actions sont légales, Karoline Leavitt affirmant que:

« Ni le président ni sa famille ne se sont jamais engagés, ni ne s’engageront jamais, dans des conflits d’intérêts. »

Donald Trump a reçu au moins 41 millions de dollars depuis janvier 2025 de la part d’entreprises de cryptographie, ce qui fait de lui le premier crypto-technocrate fasciste à avoir réussi – une réussite impressionnante si l’on vise le Panthéon orwellien.

Binance est interdite d’utilisation aux États-Unis depuis la condamnation de Zhao en 2023, mais la porte est désormais ouverte aux questions sur le rétablissement ou non de son statut.

Trump par ailleurs confirmé qu’il ne savait pas qui était Zhao lorsqu’il l’a gracié, mais qu’il avait agi sur les conseils de « beaucoup de personnes très compétentes ».