
Le média basé au Qatar Al Jazeera a annoncé la mort de quatre de ses journalistes dimanche lors d’une frappe israélienne dans la bande de Gaza dimanche.
Anas al-Sharif ciblé

L’armée israélienne a affirmé avoir ciblé le reporter Anas al-Sharif lors de sa frappe sur une tente utilisée par le groupe de journalistes à Gaza-ville, devant l’hôpital al-Shifa. Selon elle, Anas al-Sharif était un «terroriste» qui «se faisait passer pour un journaliste».
Un «chef d'une cellule terroriste», selon Israël

Il «était le chef d’une cellule terroriste au sein de l’organisation terroriste Hamas et était responsable de la préparation d’attaques de roquettes contre des civils israéliens et les troupes» israéliennes, a déclaré Israël sur Telegram.
200 journalistes tués

En plus d’Anas al-Sharif, Al Jazeera a fait part du décès du correspondant Mohammed Qreiqeh, ainsi que des cameramen Ibrahim Zaher, Mohammed Noufal et Moamen Aliwa. Selon le directeur de l’hôpital al-Shifa, Mohammed Al-Khaldi, un journaliste pigiste travaillant occasionnellement pour des médias locaux, a également péri lors de l’attaque israélienne. Ces décès s’ajoutent à la liste de près de 200 journalistes qui ont été tués depuis le début de la guerre israélo-palestinienne le 7 octobre 2023, selon Reporters sans frontières.
Al Jazeera dénonce Israël

«L’ordre d’assassiner Anas al-Sharif, l’un des journalistes les plus courageux de Gaza, et de ses collègues est une tentative désespérée de réduire au silence les voix qui dénoncent l’occupation de Gaza», a accusé la chaîne qatarie via un communiqué publié ce lundi.
L'accès bloqué aux reporters internationaux

Anas al-Sharif était l’un des journalistes d’Al Jazeera les plus connus pour sa couverture du quotidien des Gazaouis. Cet homme de 28 ans faisait partie des rares journalistes locaux encore présents dans l’enclave de Gaza, malgré l’interdiction générale pour les reporters internationaux d’y pénétrer.
«Ces menaces sont perpétuelles, mais c'est mon devoir.»

Conscient d’être une cible de l’armée israélienne, Anas al-Sharif a déclaré lors d’une entrevue: «Ces menaces sont perpétuelles, mais c’est mon devoir. Je montre la souffrance du peuple palestinien parmi lequel je vis, la souffrance que je vis moi aussi».
Un ultime message en cas de décès

Le journaliste avait prévu en avril un ultime message à publier sur son profil X au cas où il décèderait. Ce lundi, ses dernières pensées ont été publiées: «J’ai vécu la douleur dans tous ses détails, goûté à la souffrance et à la perte de nombreuses fois pourtant je n’ai jamais hésité une seule fois à partager la vérité telle qu’elle est, sans distorsion ni falsification».
La RSF dénonce Israël

L’organisation de défense de la presse Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé les accusations «sans preuve» de l’armée israélienne quant à l’action terroriste d’Anas al-Shari. Selon elle, Israel reproduit «un procédé connu et déjà éprouvé, notamment contre des journalistes d’Al-Jazeera». Elle prend l’exemple des reporters Ismail al-Ghoul et Rami al-Rifi, tués dans une frappe israélienne ciblée en juillet 2024.
Un appel à une intervention internationale

Tout comme le média Al Jazeera, RSF a revendiqué une «action forte de la communauté internationale pour stopper l’armée israélienne».
Le témoignage de Hani Mahmoud

Lors d’une entrevue avec CBC News, Hani Mahmoud, un collègue des journalistes tués, se remémore les événements: «L’attaque a été massive. J’ai vu le ciel s’illuminer au-dessus d’al-Shifa, j’ai vu la fumée, et j’ai su que c’était le seul endroit que l’armée israélienne avait ciblé, surtout après une semaine d’intensification de la campagne de dénigrement et d’incitation contre Al Jazeera et ses équipes sur le terrain».
Aucune preuve d'affiliation avec le Hamas

«Ils ont mené une campagne de dénigrement et d’incitation très sinistre, le traitant de terroriste ou d’affilié au Hamas et à sa branche militaire, sans toutefois fournir la moindre preuve tangible. Pour chaque journaliste tué, l’armée israélienne a publié exactement le même communiqué affirmant qu’il s’agissait de membres du Hamas, sans toutefois fournir la moindre preuve concrète», a-t-il poursuivi. Anas al-Sharif «était aussi très aimé, car il parlait des gens, racontait leurs histoires, leurs souffrances et les difficultés qu’ils affrontent chaque jour depuis 22 mois. Il n’était pas surprenant de voir une grande foule à ses funérailles, dans la cour de l’hôpital Al-Shifa, composée principalement de personnes qui le connaissaient, le soutenaient et l’avaient aidé pendant cette épreuve», affirme M. Mahmoud. «Je ne me sens pas en sécurité. Et il en est de même pour les deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza. Gaza est sans protection face à cette machine de guerre brutale. Il n’y a aucune garantie que cette interview se termine sans incident […] Nous vivons désormais minute par minute», a conclu le journaliste.