Le Premier ministre canadien Mark Carney a enfin dévoilé son budget pour 2025, et il inquiète les experts en immigration.
Le budget de M. Carney prévoit de réduire considérablement le nombre de résidents temporaires, d’étudiants étrangers et de travailleurs étrangers acceptés par le Canada.
Réduction de l'immigration
Le plan de M. Carney présente sa stratégie en matière d’immigration pour les trois prochaines années (2025-2028).
Si l’immigration fait l’objet de réductions générales, il n’en va pas de même pour les résidents permanents. M. Carney prévoit de maintenir le nombre de nouveaux résidents permanents à 380 000 par an jusqu’en 2028.
Impact sur les étudiants étrangers
C’est dans le domaine des travailleurs étrangers temporaires et des étudiants étrangers que les coupes sont les plus importantes.
Carney prévoit de réduire le nombre de nouveaux étudiants étrangers de 305 900 cette année à 150 000 par an au cours des trois prochaines années.
Impact sur les travailleurs étrangers
Les travailleurs étrangers subissent également d’importantes réductions, le nombre de travailleurs étrangers temporaires arrivant étant ramené de 367 750 à 230 000 en 2026, puis à 220 000 en 2027 et 2028.
Impact sur les réfugiés en attente de réinstallation
Le nouveau plan d’immigration de Mark Carney prévoit que le nombre annuel de réfugiés parrainés par le secteur privé passera de 23 000 cette année à 16 000 en 2026, tandis que le nombre de réfugiés pris en charge par le gouvernement sera ramené de 15 250 à 13 250.
Une vie d'attente
Plus de 90 000 réfugiés parrainés par le secteur privé attendent actuellement d’être réinstallés au Canada. La réduction du quota aurait pour effet d’allonger le délai d’attente jusqu’à six ans pour certains d’entre eux.
Toujours en train d'ajouter du personnel
Même en réduisant massivement les programmes de réfugiés et de résidents temporaires, le budget 2025 va encore accroître le déficit de la dette du Canada.
Presque le double de la "limite"
Dans la mise à jour budgétaire de décembre dernier, le gouvernement Carney prévoyait un déficit fédéral de 42,2 milliards de dollars en 2025-26. Or, le plan publié par M. Carney prévoit un déficit de 78,3 milliards de dollars en 2025-26. Le gouvernement affirme qu’il s’efforcera de réduire le déficit fédéral à 56,6 milliards de dollars d’ici 2029-30, mais le groupe parlementaire conservateur a fixé sa limite de déficit à 42 milliards de dollars, soit près de la moitié de ce que propose Mark Carney.
Augmentation des dépenses de défense
Le budget de Carney augmentera les dépenses de défense de 84 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, afin de lutter contre ce qu’il appelle un « monde de plus en plus dangereux et divisé ».
Le Canada s’est déjà engagé à atteindre l’objectif de l’OTAN de consacrer 3,5 % de son PIB à la défense.
Bien que le budget augmente les dépenses de défense, il réduira considérablement le nombre d’emplois fédéraux.
Réduction des emplois fédéraux
Le budget « Canada Strong » de Carney prévoit d’affaiblir la main-d’œuvre fédérale en supprimant 28 000 emplois de la fonction publique fédérale.
La fonction publique fédérale emploie actuellement plus de 350 000 personnes, dont plus de 40 % vivent dans la région d’Ottawa-Gatineau.
Réduction des services publics
Le budget 2025 du Canada fort réduira la taille de la fonction publique fédérale de 40 000 emplois par le biais de suppressions de postes, d’attritions et de retraites anticipées. Ces réductions feront passer les effectifs de 367 772 employés en mars 2024 à 330 000 en 2028-29. Au 31 mars 2025, l’administration fédérale comptait 357 965 employés.
Nuire aux Canadiens?
Des experts affirment que ces réductions ne feront que nuire aux Canadiens.
« Ce budget ressemble vraiment à de l’austérité et les syndicats canadiens refusent de laisser les travailleurs en payer le prix », a déclaré Larry Rousseau, vice-président exécutif du Congrès du travail du Canada.
Président de l'AFPC
« Le gouvernement veut supprimer des dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique. Cela se traduira par des délais d’attente plus longs pour l’assurance-emploi, des passeports plus lents, moins d’inspections de sécurité et d’alimentation, des retards pour les personnes âgées et les familles. On ne modernise pas les services en les supprimant. Je n’arrive pas à croire que le premier ministre m’ait dit ce matin qu’il fallait faire plus avec moins, toujours la même rengaine ».
La présidente de l’Alliance de la fonction publique du Canada, Sharon DeSousa, déclare : « Les services et les programmes sur lesquels les gens comptent vont être réduits. »
Pas encore confirmé
Le parti libéral aura besoin d’au moins trois députés conservateurs pour voter le budget. Un député s’est déjà rangé du côté des libéraux de M. Carney, ce qui signifie qu’il n’en faut que deux de plus pour mettre en œuvre le programme « Canada Strong ».
Commentaires de M. Carney
« Les différents partis d’opposition nous ont fait part de leurs commentaires à des degrés divers », a déclaré M. Carney à Ottawa, au lendemain de la présentation du premier budget par le ministre des finances, François-Philippe Champagne.
« Je sais, en fait, que beaucoup de choses dans ce budget reflètent les contributions de ces partis, qu’il s’agisse de projets spécifiques ou de certains programmes et du réinvestissement dans ces derniers », a-t-il ajouté.