
Un tribunal de Moscou a condamné à cinq ans et demi de prison quatre journalistes. Ces derniers sont accusés de «participation à un groupe extrémiste».
L’organisme anticorruption d'Alexeï Navalny

Antonina Favorskaya, Konstantin Gabov, Sergey Karelin et Artyom Kriger ont été reconnus coupables d’avoir travaillé pour l’organisme anticorruption du défunt chef de l’opposition Alexeï Navalny, jugé «extrémiste» par le Kremlin. Tous ont clamé à leur innocence, soutenant qu’ils étaient poursuivis pour avoir effectué leur travail de journalistes.
Cinq ans et six mois de prison

Les quatre travailleurs des médias ont été condamnés à cinq ans et six mois de prison, soit un verdict de la juge Natalia Borissenkova. «Tout le monde fera appel», a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Ivan Novikov, l’avocat d’Artiom Krieger.
«Ceux qui m’ont condamné seront assis ici à ma place.»

D’après Elena Cheremetieva, l’autre avocate de M. Krieger, il s’agit d’un verdict «illégal et injuste». Irina Birioukova, qui défend Konstantin Gabov, a ajouté qu’«il n’y a aucune preuve qu’ils ont commis un quelconque délit». Selon le site Meduza, M. Krieger a pour sa part déclaré lors de la lecture du verdict: «Tout ira bien, tout changera! Ceux qui m’ont condamné seront assis ici à ma place.»
«Vous faites la fierté de la Russie.»

«Vous faites la fierté de la Russie», «vous êtes les meilleurs», ont lancé des personnes venues soutenir les détenus dans le tribunal. Certaines d’entre elles ont clamé des slogans et ont applaudi les journalistes lorsqu’ils ont été conduits hors de la salle d’audience.
Une répression contre les voix critiques du Kremlin

Cette peine s’inscrit dans un mouvement de répression contre les voix critiques du Kremlin, intensifié depuis l’envoi des troupes russes en Ukraine en février 2022. Les journalistes indépendants et les militants des droits de l’homme en sont les principales cibles. Plusieurs opposants russes ont récemment été condamnés à de lourdes peines et d’autres ont été contraints de fuir le pays.
La mort mystérieuse du chef de l'opposition

Le plus célèbre cas de répression est celui d’Alexeï Navalny, l’opposant numéro un du président Vladimir Poutine. Fervent militant contre la corruption, M. Navalny est mort dans des circonstances mystérieuses dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique en février 2024.
Jugés à huis clos

Les quatre journalistes avaient été arrêtés au printemps et à l’été derniers, pour ensuite être jugés à huis clos.
La couverture des procès de M. Navalny

Artiom Krieger travaillait pour SOTAvision, un organe de presse russe indépendant. Antonina Kravtsova couvrait très régulièrement, pour ce média, les procès d’Alexeï Navalny. Mme. Kravtsova, qui publiait sous le nom d’Antonina Favorskaïa, est à l’origine de la dernière vidéo montrant Alexeï Navalny encore en vie, au cours d’une audience, la veille de sa mort.
«Les ténèbres qui nous entourent ne dureront pas toujours.»

Lors d’une comparution, la journaliste avait expliqué être ciblée par l’État à cause d’un article qu’elle avait écrit sur les abus subis par Navalny en prison et pour son aide lors de l’organisation des funérailles de ce dernier. «Souvenez-vous, les ténèbres qui nous entourent ne dureront pas toujours. Il y a toujours de l’espoir», a-t-elle lancé devant la presse avant le début de son procès.
Des vidéos pour l’équipe de Navalny

En ce qui concerne les reporters Sergueï Kareline et Konstantin Gabov, ces derniers ont été accusés d’avoir produit des vidéos pour l’équipe de Navalny. Le premier a collaboré avec l’agence de presse Reuters et le second, avec l’Associated Press.
Des diplomates européens présents au tribunal

Certains diplomates européens ont assisté au tribunal, rapporte une journaliste de l’AFP. La diplomatie allemande a notamment réagi en affirmant que la liberté de la presse «ne vaut rien» en Russie, où «les journalistes sont jetés en prison».